Bouba Touré
est originaire d’un village malien. Il a 17 ans quand il arrive à Paris en 1965.
D’abord manutentionnaire, ouvrier puis photographe, projectionniste et cinéaste, diplômé de la faculté de Vincennes, il prend la plume vingt ans après son arrivée et son apprentissage du Français pour livrer ce récit des premiers temps en France.
Plongé brutalement dans la modernité industrielle, le jeune Banta, alter ego de l’auteur, tente de trouver sa place. Il affronte la malhonnêteté des « marchands de sommeil », le travail aliénant de l’usine, les préjugés et la nécessité de travailler pour soutenir la famille au pays, rackettée par le pouvoir local.
A ces divers visages que prend l’exploitation des immigrés, répondent autant de solidarités, avec les compagnons français de la lutte ouvrière, les frères d’immigration, les anciens du foyer de Saint-Denis et les amitiés nouées avec les moniteurs du Secours populaire.
Conçu comme un dialogue où chacun a droit de parole, le livre brosse un tableau sincère des débats collectifs qui agitent le monde ouvrier et immigré des années 60, reflet des tiraillements intérieurs du jeune homme « en voie de toubabisation ».
Comment s’intégrer sans renier son pays d’origine ? Comment assumer l’héritage colonial et religieux ?
Notre case est à Saint-Denis 93 est un témoignage précieux et tendre – jamais naïf – des années d’immigration qui ont forgé la France actuelle.